Les quatre journées du festival nous ont immergés dans divers pays, langues et cultures du continent américain avec des pratiques musicales en tout genre. Le public est venu régulièrement et a participé avec enthousiasme. Le festival a confirmé pour ceux qui en doutaient encore, combien voir un film sur grand écran mobilisait tous les sens, permettait une empathie majeure plutôt que de regarder un film sur un simple écran d’ordinateur. Alors, continuez à aller au cinéma! Et à la prochaine édition! Suivez-nous sur les réseaux sociaux.
Le jury était composé de doctorant.e.s et enseignant.e.s chercheur.euse.s: Karina Almeida, Marianne Bloch-Robin, Pauline Coeuret, Alberto Da Silva, Yessika González Castro, Gaëlle Guillet-Sariols, Anne Joyeux, David Lipson, Véronique Pugibet, Marie Schaeverbeke, Antoine Simms, Miléna Santoro, Arihana Villamil, Clara Vinh.
Le prix du long métrage
Le jury du festival Le documentaire engagé dans les Amériques a choisi de décerner le prix du long métrage documentaire de son édition 2024 « Musique dans les Amériques » à Liliane Mutti et Daniel Zarco pour leur film Miúcha : la voix de la bossa nova (2022).
Nous avons été conquis.e.s par l’engagement résolument féministe de cette œuvre qui montre un envers du décor du mouvement mythique de la Bossa nova en mettant au jour certains mécanismes patriarcaux. Le film brosse un lumineux portrait de Miúcha, Heloísa María Buarque de Hollanda, une artiste aux multiples talents. Il suit le parcours de la musicienne, plasticienne, femme de lettres exceptionnelle en révélant son humanité et sa vitalité pleine d’humour dans l’adversité.
Ce portrait est porté par un langage cinématographique qui nous a profondément ému.e.s. Le montage tourbillonnant des images d’archives mêlées à l’animation des œuvres plastiques de Miúcha reflète sa personnalité solaire et caléidoscopique. Nous avons été extrêmement sensibles à l’écriture du documentaire dont le fil conducteur est un dialogue des voix de Miúcha : celle de son journal intime, celle envoûtante de ses chansons et celle de la maturité qui s’entremêlent de façon réflexive.
La parfaite unité entre ces qualités d’écriture, de réalisation et son sujet font de ce documentaire une œuvre cinématographique de premier plan et nous nous réjouissons de lui remettre ce prix.
Le prix du court métrage
Pour la première dans l’histoire de ce festival du documentaire engagé de l’IdA, nous sommes très heureuxses de décerner le prix du court métrage documentaire. Nous avons projeté hier six courts métrages, trois mexicains, un états-unien sur le Brésil, un colombien et un états-unien.
Du premier album de country ouvertement gay à la cumbia tropicale des côtes pacifiques du Mexique, en passant par les danses et chants rituels des Wiwa en Colombie, nous avons découvert un échantillon de la diversité des pratiques musicales, cinématographiques et communautaires du continent américain.
Ces courts-métrages ont été soigneusement choisis par les doctorant.e.s qui composent le comité d’organisation de cette édition du festival. Pendant plusieurs mois nous avons fait un véritable travail d’archéologie cinématographique parmi nos contacts, dans nos travaux de thèse, dans nos souvenirs de festivals et dans les limbes d’internet pour vous présenter ces pépites. Le court métrage auquel nous avons collectivement décidé d’attribuer le prix et qui surgit précisément de ces recherches internet est Breaking the circle de Tobias Nathan (2019) parce qu’il aborde la thématique essentielle de la lutte contre la violence faite aux femmes et la résistance de ces dernières au travers de la musique,
Réalisé en 2019, cette œuvre aborde la féminisation des cercles de samba traditionnellement masculins teintés d’un sexisme puissant. Dans le climat politique de l’arrivée de Bolsonaro au pouvoir et dans un contexte d’intersectionnalité des violences de race de genre et de classe dont les femmes afrodescendantes sont les premières victimes. Ce court-métrage nous a aussi surpris.es par sa qualité esthétique, par son approche sensible d’une thématique brûlante et d’urgence mondiale, par l’énergie qui se dégage de ces personnages attachants et du montage, ainsi que par l’espoir que suscite cette résistance à la laideur du monde et à la violence grâce à la musique et la sororité. Malgré l’indéniable valeur des autres films en compétition, toutes ces qualités nous poussent ce soir à récompenser Breaking the circle.