Citizenfour et Risk de Laura Poitras: Verax vs Mendax

Par David Lispon (SEARCH – Université de Strasbourg) et Carla Toquet (CREA – Université Paris Nanterre)

Laura Poitras est une journaliste, réalisatrice et productrice de documentaires mais aussi une photographe américaine, née à Boston en 1964. Après avoir abandonné son projet de devenir cheffe cuisinière, elle sort diplômée de la New School for Public Engagement en 1996, ce qui donne déjà le ton de son travail à venir.

Dans sa pratique, qui mêle rapidement le journalisme à la réalisation de films de non-fiction, Laura Poitras accorde beaucoup d’importance à l’indépendance des voix et des travaux menés.

Cette conviction la mène à devenir la cofondatrice de Freedom of the Press Foundation en 2012 avec le journaliste Glenn Greenwald et le lanceur d’alerte Daniel Ellsberg. Elle crée First Look Media, une plateforme de publication en ligne pour un journalisme d’investigation, en 2013, avec les journalistes Glenn Greenwald et Jeremy Scahill. Cette initiative aboutit également à l’apparition du magazine digital, The Intercept en 2014, toujours dans l’optique de pratiquer un journalisme indépendant.

La réalisatrice, fervente défenseuse des principes démocratiques, se compromet volontiers pour servir ses convictions en se faisant le relais de lanceurs d’alerte et assurer certaines révélations qui mettent à mal l’intégrité du gouvernement étatsunien, soupçonné d’avoir mis pour ainsi dire tout le pays sur écoute par le biais d’un programme de surveillance de la NSA (National Security Agency).

Qu’est-ce qu’un lanceur d’alerte ?

Le lanceur d’alerte ou « Whistle-blower » en anglais, est un employé ou ex-employé d’une entreprise ou d’une agence gouvernementale qui sonne l’alarme de façon désintéressée pour dénoncer une mauvaise conduite, la corruption, les violations de lois et règlements et/ou une menace directe contre l’intérêt général ou une menace pour la santé et/ou la sécurité des hommes. Aux États-Unis, les lanceurs d’alerte font leur première apparition lors de la guerre d’indépendance en 1778 quand Thomas Shaw et Richard Marven ont rapporté les méfaits de leur commandant en chef Esek Hopkins de la Continental Navy qui torturait les prisonniers de guerre britanniques[1]. De nos jours, on connait les lanceurs d’alertes comme Erin Brockovich, qui a tiré la sonnette d’alarme sur la pollution des eaux potables par la société PG&E. Autre cas très célèbre de lanceur d’alerte, celui de Jeffrey Wigand, qui a dénoncé les pratiques malhonnêtes de la Brown and William Tobacco Corporation. Encore plus proche de notre époque, on peut citer le lanceur d’alerte anonyme de la communauté du renseignement qui a révélé en 2019 que le président étatsunien Donald Trump avait demandé au président ukrainien, Volodymyr Zelensky, d’enquêter sur Hunter Biden, fils de Joe Biden, en échange de l’aide monétaire déjà promise par le Congrès américain à l’Ukraine.

Poitras est placée sur la liste de surveillance du département de la Sécurité Intérieure en 2005, après la sortie de son premier long-métrage sur l’Irak, suite à quoi elle est arrêtée plus de quarante fois à la frontière de son pays car elle est alors considérée comme une menace à haut risque.

Dès ce premier long-métrage, intitulé My Country, My Country (2006), Laura Poitras s’intéresse à des problématiques propres aux Etats-Unis post-11 Septembre, aux prises avec ce que l’on connaît comme The War on Terror : la guerre contre le terrorisme. Ce film est en réalité le premier volume d’une trilogie dont The Oath (2010) constitue le deuxième volet et Citizenfour (2014), qui nous intéresse particulièrement, le troisième et dernier volume.

Citizenfour et Risk, ou Verax vs. Mendax

Sorti en 2014, Citizenfour retrace l’entrée en contact d’Edward Snowden avec Laura Poitras, les échanges qui ont mené à leur rencontre, ainsi que leur travail en coopération, qui a débouché sur des révélations sans précédent dans la presse sur les activités de la NSA qui, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme, entreprend un espionnage mondial fondamentalement anticonstitutionnel.

Qui est Eward Snowden ?

Edward Snowden est un lanceur d’alerteaméricainInformaticien, ancien employé de la Central Intelligence Agency (CIA) et de la National Security Agency (NSA). En 2013, il a révélé l’existence de plusieurs programmes de surveillance de masse étatsuniens et britanniques. À la suite de ses révélations, Edward Snowden est inculpé, le 22 juin 2013, par le gouvernement américain sous les chefs d’accusation d’espionnage, de vol et d’utilisation illégale de biens gouvernementaux.

S’exilant à Hong Kong en juin 2013, puis à Moscou, Edward Snowden obtient, le 31 juillet 2013, l’asile temporaire en Russie. Le 1er août 2014, il obtient un droit de résidence pour trois ans en Russie. Le 22 octobre 2020, la Russie accorde à Snowden un titre de résident permanent.

Dans Citizenfour, le spectateur suit donc Laura Poitras dès le début de ses échanges avec sa source, d’abord anonyme, avant d’aller à sa rencontre, à Hong Kong, dans une chambre d’hôtel, où continueront de se dérouler non seulement le film, mais aussi les révélations en temps réel de Snowden.

C’est confiné dans l’intimité de sa chambre d’hôtel (ou de celle de Laura lorsque les doutes de surveillance planent trop lourdement sur la sienne), que le jeune « Ed » (seulement 29 ans !), ancien analyste de la NSA et de la CIA, appréhende la secousse mondiale provoquée par les révélations qu’il a faites au Washington Post et au Guardian par l’intermédiaire de Poitras et de Greenwald.

Pris dans ce contraste entre l’étroitesse du champ de la caméra de Poitras et l’immensité de la sphère de propagation des révélations ainsi contenues dans et par la lentille de la réalisatrice, le spectateur est touché par l’authenticité du personnage de Snowden. Le film – qui fait de lui son héros – est proche d’un cinéma direct et nous fait vivre à travers une chronologie linéaire un récit au plus proche des faits. Le spectateur sait au même moment où Snowden, dont la vie a déjà pris un tournant radical, que tout est sur le point de basculer et qu’il devra prendre la fuite ou faire face. Cela instaure dès lors un suspense insoutenable, la scène de l’alarme incendie en étant le parfait exemple.

La scène intervient après un appel téléphonique au dessein pour le moins ambigu : le personnel hôtelier s’enquiert des repas de Snowden. A ce moment précis, la qualité du service paraît suspicieuse et Snowden débranche le téléphone avant de décrire des mécanismes de surveillance qui demeurent efficaces même une fois le téléphone raccroché. Le sentiment de paranoïa continue de s’installer et c’est dans cette atmosphère que Snowden demande à vérifier l’ordinateur air gap de Greenwald… sous sa cape magique (!!) quand une alarme se déclenche. Alors, toutes les suppositions sont permises sur la raison du déclenchement de cette alarme, dont personne n’a été prévenu et qui fait retentir une sonnerie à intervalles irréguliers. On ne peut associer cette sonnerie à un test d’alarme incendie qu’après confirmation par la réception, une fois que toutes les personnes qui entourent Snowden ont pris un shot d’adrénaline gratuit, et les spectateurs avec ! On a débranché le téléphone, on a utilisé une « cape » censée empêcher l’espionnage visuel, on a discuté l’importance de la sécurité d’un mot de passe qui est pourtant à usage unique, littéralement toutes les précautions ont été prises et, malgré tout, pendant quelques secondes, cet élément perturbateur qui résonne à l’extérieur parvient à semer le doute sur le fait que leurs conversations sont bien protégées au sein de cette chambre. C’est, pour nous, à cet instant-là que se rejoignent l’ampleur de ce qui est en train de se passer en termes de contenu, et l’ampleur du cinéma de Laura Poitras, brillamment déployé dans cette scène.

La dernière scène du film est une sorte d’apogée, dans laquelle sont atteints de multiples aboutissements, à la fois politiques, moraux et esthétiques pour lesquels nous tenons à remercier Laura Poitras, Edward Snowden et Glenn Greenwald principalement. Leur travail est lourd et difficile mais il est aussi beau qu’intègre et important, en ce qu’il replace largement les principes démocratiques à la base de nos sociétés civiles au centre de nos préoccupations.

Risk est un documentaire sur Julian Assange et dont le tournage a duré près de six ans (2011-2017).

Qui est Julian Assange ?

Fondateur de Wikileaks, Julian Assange est un personnage clivant et controversé. Pour certains il représente le héros d’un mouvement antiautoritaire, un lanceur d’alerte persécuté pour avoir défié les États-Unis. D’autres le considèrent tout simplement comme un criminel, coupable d’espionnage, d’agression sexuelle avec un agenda anti-américain et pro-russe.

En 2006, Assange a fondé Wikileaks afin d’agir comme une sorte de contre-pouvoir en exploitant la puissance d’Internet comme arme des faibles et de faciliter les dénonciations anonymes.

Wikileaks et la Russie

En 2010, il atteint une grande notoriété à la suite des révélations de Wikileaks sur des abus commis par les Américains pendant la guerre en Irak et en Afghanistan. Après ses révélations, plusieurs sociétés commerciales commencent à boycotter Wikileaks. A partir de ce moment-là, Julian Assange et Wikileaks se rapprochent de la Russie. En 2011, Poutine offre à Assange un visa pour la Russie. En 2012, Assange tourne douze épisodes de World Tomorrow (RT et Wikileaks, 2012), une émission de talk-show politique sur la chaîne d’information internationale, financée par l’état Russe RT.  On notera également que de l’annonce de la candidature présidentielle de Donald Trump jusqu’à son élection en novembre 2016, WikiLeaks n’a pas publié un seul document critique à l’égard du gouvernement Poutine[2].

  • Assange et la justice

La Suède a émis un mandat d’arrêt international contre Assange en raison d’allégations d’inconduite sexuelle en 2010. M. Assange a déclaré que ces allégations étaient un prétexte pour son extradition de la Suède vers les États-Unis en raison de son rôle dans la publication de documents secrets américains par Wikileaks. Après avoir perdu sa bataille contre l’extradition vers la Suède, il a enfreint sa liberté sous caution et s’est réfugié à l’ambassade de l’Équateur à Londres en juin 2012. L’Équateur lui a accordé l’asile en août 2012 pour cause de persécution politique, avec la présomption que s’il était extradé vers la Suède, il le serait finalement vers les États-Unis. Les procureurs suédois ont abandonné leur enquête en 2019, affirmant que leurs preuves s’étaient « considérablement affaiblies en raison de la longue période qui s’est écoulée depuis les événements en question ».

Le 11 avril 2019, l’asile d’Assange a été retiré après l’élection d’un nouveau régime équatorien et une série de litiges avec celui-ci. La police a été invitée à entrer dans l’ambassade et il a été arrêté. Il est reconnu coupable d’avoir enfreint la loi sur les cautions et condamné à 50 semaines de prison. Le gouvernement des États-Unis a dévoilé un acte d’accusation contre Assange lié aux fuites fournies par Chelsea Manning. Le 23 mai 2019, le gouvernement des États-Unis a en outre accusé Assange d’avoir violé la loi sur l’espionnage de 1917. Le 4 janvier 2021, la juge de district britannique Vanessa Baraitser s’est prononcée contre la demande d’extradition d’Assange présentée par les États-Unis et a déclaré qu’une telle mesure serait « oppressive » compte tenu des préoccupations relatives à la santé mentale d’Assange et au risque de suicide. Le 6 janvier 2021, Assange s’est vu refuser la libération sous caution, dans l’attente d’un appel des États-Unis. Le 10 décembre 2021, la Haute Cour de Londres a décidé qu’Assange pouvait être extradé vers les États-Unis pour faire face aux accusations. En mars 2022, la Cour suprême du Royaume-Uni a refusé à Assange la permission de faire appel.

Risk et Citizenfour semblent avoir un lien bien particulier et nous avons pensé qu’ils fonctionnaient à la manière d’un diptyque.

Dans les deux documentaires, la même bande son instrumentale vient signifier l’ambiance à la fois mystérieuse et pesante dans laquelle vivent les lanceurs d’alerte qui en constituent les figures centrales. On note la présence d’images de Citizenfour dans Risk et inversement – en effet, les tournages se sont chevauchés – ce qui crée un effet de crossover amplifié par la présence des mêmes personnes dans chacun des films. On retrouve bien sûr une certaine esthétique du fond noir et texte blanc, un style informatique – où parfois l’écran d’ordinateur vient même se substituer à l’écran de cinéma – rappelant l’environnement dans lequel évoluent les lanceurs d’alerte ainsi que Laura Poitras elle-même pour les échanges qu’elle entretient avec eux. Dans chacun des films, cette esthétique alerte sur les dangers de la technologie et l’importance de la protection des données. Toutefois, si le spectateur dans Citizenfour se trouve toujours du côté de la réalisatrice (à la fois journaliste), dans Risk, le spectateur se retrouve pour ainsi dire de l’autre côté de l’écran, à la place de « l’hack-tiviste ». Il y a donc entre les deux films une sorte d’effet miroir, sublimé par le parallélisme de deux scènes de salle de bain. Ce sont les correspondances entre ces deux scènes qui nous permettent paradoxalement de positionner Snowden et Assange en opposition.

Dans Citizenfour, Laura Poitras filme Snowden dans la salle de bains de sa chambre d’hôtel alors qu’il se prépare à paraître publiquement après ses révélations. Le fait qu’il se demande s’il doit tailler sa barbe ou pas révèle son souci d’authenticité. Il souhaite être le plus vrai possible, sans artifice ni superflu. Quant à Assange, la scène de salle de bains que lui consacre Laura Poitras met en relief exactement le contraire. Certes, le spectateur ressent cette impression d’intimité avec Assange, du fait de se retrouver face miroir à l’endroit où l’on se met littéralement à nu, mais ici, il n’est pas question pour Assange de se montrer tel qu’il est dans son plus simple appareil, bien au contraire ! Il met des lentilles à usage unique qui font partie d’un « déguisement » qu’il revêt afin de rejoindre l’ambassade d’Équateur incognito et d’échapper à la police. C’est ainsi que Poitras semble représenter leur rapport avec le public et avec eux-mêmes : Snowden, toujours en quête de vérité, alors qu’Assange s’applique à développer des apparences changeantes selon ce qui le favorise, lui. Fun fact : dans le monde des hackers, Snowden est connu sous le pseudo « Verax » (le vrai, la vérité en latin) et Assange sous celui de « Mendax » (mensonge, inventions en latin).

Ce qui nous interpelle au sujet de ce dyptique, c’est aussi le mode d’introduction à chacun des films. Alors que Citizenfour s’ouvre sur les mots de Snowden, dans Risk, c’est la voix off de Poitras que l’on entend. C’est ce qui nous fait dire que Citizenfour est un film sur Snowden (qui s’en inquiète d’ailleurs : il souhaite que le contenu de ses révélations reste central, pas sa personne) et que Risk, s’ouvrant sur les mots de Laura Poitrasserait en fait un film de Poitras sur elle-même. Cela fit d’ailleurs l’objet d’accusation des avocats de Wikileaks qui ont argué que la réalisatrice s’était retrouvée à tourner un genre de film d’initiation dans lequel elle fait figurer son épiphanie : son milieu professionnel est aussi concerné par des problématiques sexistes.

En réalité, nous ne sommes que partiellement d’accord avec cette théorie. Il nous semble que Laura Poitras a certes commencé le tournage de son documentaire en adhérant totalement à la cause d’Assange, de Wikileaks et du journalisme qu’ils défendent. Progressivement, un malaise s’est toutefois installé avec Assange de plus, Poitras est aussi confrontée au conflit entre Appelbaum et une de ses amies. On assiste en quelque sorte à la façon dont ses idoles tombent de leur piédestal à travers la syntaxe du documentaire. La réalisatrice se rend tout simplement compte, au cours d’un tournage qui dure six ans, qu’elle est tributaire d’un objet changeant en la personne d’Assange à qui elle ne fait pas confiance ; plusieurs aspects de son film sont également soumis à des altérations arbitraires en ce qu’il s’agit essentiellement de personnes, dont la constance ne peut être une garantie, encore moins sur six années.

Le film tel qu’on le connaît dans sa forme finale n’a donc rien à voir avec le projet initial de Poitras, elle le dit dès le début du documentaire, avec une voix off qui agit à la manière d’un regard extra diégétique à la capacité de rétrospection. Le propos de Poitras vient dès lors modifier le propos visuel porté à l’écran, la diégèse. Le spectateur comprend immédiatement la distance instaurée par Poitras avec son sujet et le protagoniste qui l’incarne quand, dans Citizenfour, on trouvait non seulement une promiscuité avec le sujet mais aussi de la sympathie envers le personnage de Snowden, ce qui n’est pas du tout le cas ici avec Assange.

Et pour cause : Assange est visiblement incapable de tenir un cap, une seule et même conduite, d’être cohérent et en adéquation avec lui-même. Il ondoie et incarne l’instabilité, l’incertitude. Lorsqu’on l’interroge, il n’est pas capable de donner des réponses claires, même devant un public complice, comme en témoigne la scène de l’interview par Lady Gaga qui est pourtant là pour lui, totalement acquise à sa cause. Même dans un contexte adjuvant, Assange ne parvient pas à être transparent, ni précis. La scène revêt alors une dimension particulière en ce que Lady Gaga se trouve forcée de reprendre ses questions d’interview d’innombrables fois, ce dont on sait que cela occasionnera de nombreuses coupures au montage. Poitras, elle, laisse précisément la scène se dérouler telle qu’elle a eu lieu en son absence physique, sans couper au montage, de façon à ce que le spectateur voie toutes les coupures auxquelles il faudra(it) procéder pour rendre le propos d’Assange sensé.

C’est donc finalement un portrait “sans complaisance” de Julian Assange que réalise Laura Poitras avec Risk. Le film un peu erratique dont la caméra embarquée, les différentes « directions » données, les coupures comme des coutures d’une trame foncièrement décousue, est probablement à l’image de l’idée que se fait la réalisatrice du personnage central de sa narration.

Décousu, tout comme le propos d’Assange qui fait s’entremêler bien des fils narratifs – celui de la controverse de Wikileaks qu’il lie si intimement ??? aux plaintes de deux Suédoises pour viol et agression sexuelle par exemple – le film met en lumière un personnage paranoïaque (Assange pense en effet qu’il est victime d’un complot féministe pour que les États-Unis puissent le faire extrader avant de le juger) et mégalomane, incapable d’empathie, dur à suivre dans ses raisonnements qu’il présente pourtant de façon catégorique.

Enfin, nous observons une dernière correspondance entre les scènes finales de Citizenfour et Risk car on passe du déchiquetage de papier à la fin de l’un, au déchiquetage parachevé par la combustion des papiers à la fin de l’autre, ce qui rappelle les autodafés et réfère implicitement à la notion de censure.

Le spectateur assiste donc à l’évolution trouble de Wikileaks. Initialement utilisée comme outil démocratique qui avait pour dessein de mettre tout le monde à niveau grâce à des lanceurs d’alerte anonymes et faisant usage d’internet pour le bien commun. L’organisation semble prendre un tournant politique qui se resserre progressivement, comme un étau de plus en plus anti-étatsunien, qui ferait d’elle un outil de propagande russe.

Sources

Domscheit-Berg, Daniel, Tina Klopp and Jefferson S. Chase. Inside Wikileaks: My Time with Julian Assange at the World’s Most Dangerous Website. 1st American ed. New York: Crown Publishers, 2011.

Poitras, Laura, and Chris Robé. “Expanding Our Field of Vision: An Interview with Laura Poitras.” Cinéaste, vol. 42, no. 2, Cineaste Publishers, Inc., 2017, pp. 40–41, http://www.jstor.org/stable/26357009.

Porton, Richard, and Laura Poitras. “Birth of a Whistle-Blower: An Interview with Laura Poitras.” Cinéaste, vol. 40, no. 2, Cineaste Publishers, Inc., 2015, pp. 46–49, http://www.jstor.org/stable/43500787.

Stanger, Allison. Whistleblowers: Honesty in America from Washington to Trump. New Haven: Yale University Press, 2019.

Turnage, Jack. Final paper for The Politics of Virtual Realities. Middlebury College, December 7, 2016

Zittrain, Jonathan and Sauter, Molly. “Everything You Need to Know About Wikileaks.” MIT Technology Review. Accessed March 20, 2022. https://www.technologyreview.com/2010/12/09/120156/everything-you-need-to-know-about-wikileaks/.


[1] Stanger, Whistleblowers, 9.

[2] Jack Turnage. Final paper for The Politics of Virtual Realities. Middlebury College, December 7, 2016 p.10.

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